Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/14

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Je me mis donc à étudier les ouvrages concernant la doctrine orthodoxe. Dans tous ces ouvrages, malgré des différences de détails et quelques différences dans les conclusions, la doctrine est la même : même lien entre les diverses parties, et mêmes bases.

J’ai lu et approfondi ces ouvrages, et voici le résultat de mon étude. Si je n’eusse été amené par la vie à reconnaître la nécessité de la foi ; si je n’eusse vu que cette foi est le pivot de la vie de tous les hommes ; si, dans mon cœur, ce sentiment ébranlé par la vie, ne se fût pas fortifié de nouveau ; si ma foi n’eût été que de la confiance ; si elle eût été celle dont on parle dans la théologie, alors, après avoir lu les susdits ouvrages, non seulement je fusse devenu païen, mais je serais le pire ennemi de toute religion. En effet, j’ai constaté non seulement l’insanité de ces doctrines, mais le mensonge commis volontairement, consciemment, par des hommes qui n’ont choisi la religion que comme un moyen d’atteindre tel ou tel but personnel.

La lecture de ces ouvrages fut pour moi une dure besogne, moins par l’effort qu’il me fallut accomplir pour apercevoir le rapport entre les expressions — celui-là même qu’apercevaient ceux qui ont écrit ces ouvrages — que par la lutte intérieure que j’eus à soutenir pour contenir l’indignation que faisait naître en moi cette lecture.

J’ai noirci beaucoup de papier, pour analyser