Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/140

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à rien et qu’il est impossible d’en tirer aucune règle morale comme on le voit dans l’Application morale du dogme § 50, ramassis de mots dénués de sens, et que rien ne lie entre eux :

Voici l’application du dogme :

1o Toutes les personnes de la très Sainte-Trinité, outre les attributs généraux qui leur appartiennent par essence, ont leurs attributs particuliers et distinctifs, de telle façon que le Père est proprement le Père et occupe la première place dans l’ordre des personnes divines ; que le Fils est le Fils et qu’il occupe la seconde place ; qu’enfin le Saint-Esprit est le Saint-Esprit et occupe la troisième place, bien qu’en vertu de leur divinité Ils soient tous égaux entre Eux. À chacun de nous pareillement le Créateur a départi, indépendamment des qualités qui nous sont communes à tous par un effet de notre nature humaine, des qualités particulières qui nous distinguent les uns des autres ; Il nous a accordé des capacités particulières, des talents particuliers, déterminant notre vocation propre et notre place dans le cercle de nos proches. Discerner en soi ces aptitudes et ces talents, et les faire servir à son avantage et à celui du prochain, comme à la gloire de Dieu, afin de répondre ainsi à sa destination, c’est là incontestablement le devoir de tout homme.

2o Toutes les personnes de la Sainte-Trinité, en se distinguant entre elles par des attributs personnels, se trouvent pourtant l’une avec l’autre dans une constante union : le Père demeure dans le Fils et dans le Saint-Esprit, le Fils dans le Père et dans le Saint-Esprit, le Saint-Esprit dans le Père et dans le Fils (Jean, xiv, 10). Pareillement nous aussi, quelle que soit la différence qui existe entre nos qualités personnelles, nous devons maintenir, autant qu’il se peut, entre nous, une union réciproque et morale, attachés les uns aux