Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/175

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Dieu, effrayé de ce qui venait d’arriver, lui défendit l’accès de l’arbre de vie et l’on peut et doit supposer que, par crainte de Dieu, l’homme n’y toucha point. Selon le sens de l’histoire l’homme en trouvera l’accès comme il a trouvé la connaissance du bien et du mal.

Cette histoire est-elle bonne ou mauvaise ?… C’est ainsi qu’elle est narrée dans la bible. Dans ce récit, Dieu agit envers l’homme comme Zeus envers Prométhée. Prométhée dérobe le feu, Adam, la connaissance du bien et du mal. Dieu, dans les premiers chapitres, n’est pas le Dieu chrétien, ce n’est pas même le Dieu des Prophètes et de Moïse, c’est un Dieu qui craint les hommes. La théologie avait besoin de confondre avec le dogme de la rédemption cette histoire sur ce Dieu, c’est pourquoi Dieu jaloux et méchant est assimilé à Dieu Père dont Christ a parlé. C’est la seule interprétation qui permette de comprendre le blasphème de ce premier chapitre.

Si l’on ne sait pas pourquoi tout cela est nécessaire, il est impossible de comprendre pourquoi il fallait interpréter, défigurer, en s’écartant du texte, l’histoire la plus simple, la plus naïve, la plus profonde, et en faire un ramassis de contradictions et d’insanités ? Mais supposons que cette histoire soit telle que la raconte la théologie, qu’est-ce qui en découle ?