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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/339

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et on ne comprend pas ce qui est écrit, on ne comprend pas même pourquoi tout cela est écrit. Ce n’est qu’après avoir terminé la théologie, après avoir lu les chapitres consacrés aux sacrements, aux mystères, et en se rappelant cette contradiction avec la réalité posée dans le dogme de la rédemption, qu’on peut enfin deviner la raison qui a poussé l’auteur à inventer ces erreurs étranges et s’expliquer cette doctrine extraordinaire.

Voici, pour moi, quelle est cette raison : la hiérarchie (pour être plus exact j’emploierai ce mot, au lieu du mot obscur « l’Église ») enseigne que Christ a racheté le genre humain, qu’il a détruit le péché, le mal, la mort, les maladies, la stérilité de la terre. En réalité, rien de tout cela ne s’est produit, tout est resté comme auparavant. Comment donc justifier cela ? Pour le justifier, il faut unir au salut du genre humain par le Christ une autre condition sans laquelle ce salut ne pouvait se faire, cela afin d’avoir le droit de dire que le rachat a été opéré, mais n’agit pas encore faute de l’observance d’une condition nécessaire à sa réalisation. C’est le dogme de la grâce.

L’auteur dit nettement :

§ 186. — La grâce divine est indispensable pour la sanctification de l’homme pécheur en général, c’est-à-dire pour que le pécheur puisse sortir de son état de péché, devenir un vrai chrétien et s’approprier ainsi les mérites du Sauveur ; en d’autres termes pour qu’il puisse se convertir, se purifier, se justilier, se re-