Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/448

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aucun des pécheurs il ne restera possibilité de se libérer jamais de l’enfer, comme c’est le cas pour quelques-uns, après le jugement particulier (pp. 776, 777).

§ 269. — Rémunération des pécheurs ; en quoi consisteront leurs peines. — Les peines éternelles des pécheurs consisteront : 1o dans l’éloignement de Dieu et la malédiction ; 2o dans la privation des biens du royaume de Dieu ; 3o dans le séjour en enfer avec les diables qui les tourmenteront ; 4o à éprouver des souffrances éternelles ; 5o à éprouver des souffrances physiques : le ver rongeur qui ne meurt pas ; le feu qui ne s’éteint jamais.

« Quand vous entendrez parler de feu, ne vous imaginez point que le feu de cette région ressemble à celui d’ici-bas ; ce dernier, s’il atteint un objet le consume et le change en un autre ; mais le premier, quand il a saisi quelqu’un, le consume éternellement et ne cesse jamais ; aussi le dit-on inextinguible. Car les pécheurs aussi doivent revêtir l’immortalité, non pour y être en honneur mais pour y être sans cesse en proie aux tourments. Combien c’est affreux, c’est ce que l’esprit est tout à fait incapable de se représenter ; il n’y a peut-être que l’expérience des petites misères qui fournisse une faible idée de ces immenses tourments. Si vous êtes dans un bain trop fortement chauffé, figurez-vous le feu de la gehenne, et si vous êtes atteint d’une fièvre ardente, transportez-vous par la pensée dans l’autre flamme. Vous serez alors en état de bien saisir cette différence. Car, si le bain ou la fièvre nous tourmentent et nous agitent avec tant de véhémence, que ne sentirons-nous pas quand nous viendrons à être plongés dans ce fleuve de feu qui coulera devant le redoutable tribunal » (p. 81).