Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/277

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De même, la vie de l’entendement est dispersée sur tous les hommes : les uns perdent cette vie, les autres rendent en double.

Le semeur sème les grains, et ce ne sont que les grains qui lui sont nécessaires, et il ne ramassera que des grains. L’amour mystérieux sème la vie de l’entendement et il ne récoltera que la vie de l’entendement.

Les hommes qui ont la vie de l’entendement sont nécessaires au semeur ; ceux qui l’ont perdue ne lui sont pas nécessaires.

Tous étaient des grains. Les uns se sont perdus encore à l’état de grain ; les autres en poussant. Ainsi sont les hommes : les uns avant, les autres après ont perdu la vie de l’entendement. Seuls ceux qui gardent en eux l’entendement, pour ne pas cesser d’avoir la vie, d’être ce de quoi ils sont sortis, ceux-là seuls vivent ; les autres périssent.

Tel est le sens extérieur. Les uns, tels les grains tombés sur le mauvais terrain, semblent prédestinés à la perte ; les autres à la vie exubérante. Mais, ayant dit cela, Jésus ajoute aussitôt : « Celui qui a des oreilles entendra », paroles qu’il ajoute toujours quand on peut comprendre faussement ce qu’il dit, quand le sens de ses paroles est double.


Une autre parabole du semeur (Marc iv, 26 29) exprime la même pensée sur la manière de com-