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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/111

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connaît pas la mort, il a passé dans une autre vie.

D’autres disent qu’ils n’ont pas travaillé avec l’argent du maître. Ils ne refusent pas cet argent, mais ils se disent que ce n’est pas la peine de travailler parce que, quoi qu’ils fassent, c’est la mort qui les attend. Ils connaissent la cruauté du maître.

D’autres ont l’entendement mais ne s’y fient point. Ils se disent : On aura beau travailler, on mourra quand même, et rien ne restera ; c’est pourquoi il ne faut rien faire.

À cela le roi dit : Me sachant cruel, tu devais d’autant plus faire ma volonté. Pourquoi donc ne l’as-tu pas essayé ? Si les hommes savent que la mort temporaire est inévitable, pourquoi donc ne pas essayer de vivre pour accomplir la volonté de Dieu par l’entendement.

Et le roi dit : Reprenez-leur le talent et donnez-le à celui qui a déjà. Pour le roi il importe peu qui aura le talent, pourvu qu’il soit ; de même qu’il importe peu au paysan que la tige sorte d’un grain ou de l’autre, pourvu qu’il ait la récolte.

Si l’entendement donne aux hommes la vie selon leur volonté, alors ceux qui ne le gardent pas ne peuvent pas vivre et se mettent hors de la vie ; et après la mort temporaire, il ne restera rien d’eux.

Pour les hommes qui ne reconnaissent pas le pouvoir du roi, celui-ci dit : Jetez-les aussi dehors.