Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/160

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compatissant envers les pauvres, qu’il ne voulait ni les consoler ni soulager leurs souffrances, et ne vivait que pour son plaisir. Il ne résulte pas de la parabole que ce riche fut avare, il était seulement sans pitié pour les pauvres et était un homme sans cœur.

Emporté par les anges, c’est-à-dire que son âme était emportée par les anges. Telle était la croyance des juifs que les âmes des justes sont portées au ciel par les anges, et Dieu confirme cette croyance. Il n’est pas besoin de voir ici une expression imagée ; il faut l’accepter dans son sens littéral. Si les anges sont des esprits serviteurs, qui sont envoyés pour le salut, alors, servant de gardiens à l’homme, pendant sa vie, ils ne peuvent l’abandonner dans les moments importants, après la mort.

Dans le sein d’Abraham, c’est-à-dire dans le royaume du ciel. Cette image est prise de la coutume de se coucher pendant le festin, et cela indique l’intimité particulière de ceux qui s’allongent de cette façon. Comme les Juifs ne doutaient pas qu’Abraham, ami de Dieu, était heureux dans le paradis, dire que Lazare était couché sur le sein d’Abraham signifie que Lazare était digne du bonheur céleste.

On l’ensevelit. On ne dit pas cela du mendiant. On suppose que les funérailles du mendiant furent si pauvres qu’il n’est pas besoin d’en parler, tandis que les funérailles du riche furent magnifiques, et on en parle pour montrer que pendant et après sa mort le riche reçoit tous les honneurs de ce monde. Mais, après les funérailles, l’état du riche est bien différent de celui du pauvre. Le mendiant est sur la couche d’Abraham, et le riche est en enfer, dans les tourments. Dans la parabole, l’enfer est ainsi caractérisé : 1o c’est un endroit éloigné du lieu de béatitude des justes ; 2o c’est un lieu de souffrances ; 3o un grand abîme le sépare du séjour des âmes des saints ; 4o les souffrances y sont très grandes.

Aperçut dans le lointain, Abraham, etc. Cela sans