Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/355

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toutes les prescriptions sévères qui imposent le renoncement de la vie du corps. La possibilité de la vraie vie est donnée à tous les hommes. Celui qui la veut la prend ; celui qui ne la veut pas ne la prend pas. Celui qui reçoit la vraie vie, la possède. Elle est égale pour tous, et, à elle, ne peuvent s’appliquer nos conceptions : plus, moins, avant, après. On exprimerait en langage philosophique disant qu’elle est en dehors du temps, de l’espace et des causes.

Mais nous sommes si habitués à la récompense, dans la vie terrestre, que nous ne pouvons renoncer à la pensée que celui qui accomplira tout ce qui, selon nous, peut plaire à Dieu, (que nous nous représentons en dehors de nous, tandis que Jésus ne cesse de dire que personne n’a jamais vu Dieu) sera récompensé, et, dans ce cas, nous voulons établir des rapports envers Dieu semblables aux rapports humains, de maître à serviteur. Nous voulons plaire à quelqu’un, faire ce que nous ne comprenons pas et ne désirons pas, afin de complaire à la volonté du maître. Mais, en revanche, si nous admettons que notre mauvaise conduite doit être punie, si nous aimons nous-mêmes punir pour leurs fautes nos serviteurs, nous voulons aussi être récompensés quand nous exécutons la volonté d’un autre. Et malgré que toute la doctrine de Jésus nie cette représentation, nous tous, et ses disciples, lui demandons quelle sera notre récom-