Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/112

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par adultère comme μοιχᾶσθαι, qui est un mot bien différent. Mais peut-être ces deux mots sont-ils synonymes et s’emploient-ils dans les Évangiles l’un pour l’autre ? Je consulte tous les dictionnaires — dictionnaire général et dictionnaire spécial évangélique —, et je vois que le mot πορνεία qui correspond en hébreu à זנות, en latin, fornicatio, en allemand, Hurerei, en russe raspoustvo, a un sens très précis et n’a jamais signifié, d’après aucun dictionnaire, et ne peut pas signifier l’acte d’adultère, Ehebruch, comme on l’a traduit. Il signifie un état de dépravation, une qualité, non pas un acte, et ne peut être traduit par adultère. En outre, le mot adultère est exprimé partout, — dans les Évangiles et même dans ces versets — par μοιχέω. Et je n’eus qu’à corriger cette traduction inexacte, faite évidemment intentionnellement, pour que le sens attribué par les commentateurs à ce passage et au contexte du chapitre xix devint absolument inadmissible et pour que le sens d’après lequel le mot πορνεία doit être rapporté au mari devint indiscutable.

Toute personne connaissant la langue grecque traduira de la manière suivante : παρεϰτός — excepté, λόγου — la faute, πορνείας — de débauche, ποιεῖ — oblige, αὐτήν — elle, μοιχασθαι — à être adultère, ce qui donne mot à mot : Quiconque répudie sa femme, outre la faute de libertinage, l’oblige à être adultère.