Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/169

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dix-huit personnes sur qui la tour de Siloé est tombée, et qu’elle a tuées, fussent plus coupables que tous les habitants de Jérusalem ? Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous amendez, vous périrez aussi bien qu’eux. »

S’il avait vécu de notre temps, en Russie, il aurait dit : Croyez-vous que les personnes qui ont péri dans le cirque de Berditchev, ou sur le talus de Koukouievka, fussent plus coupables que tant d’autres ? — Non, mais vous périrez tous également si vous ne vous amendez, si vous ne vous ressaisissez pas, si vous ne trouvez pas dans votre vie ce qui est impérissable. La mort des gens écrasés par la tour, brûlés dans le cirque, vous épouvante, mais votre mort, tout aussi affreuse et tout aussi inévitable, est là, devant vous tous. Et vous avez tort de tâcher de l’oublier. Mais elle viendra à l’improviste et n’en sera que plus hideuse.

Il dit (Luc, xii, 54 57) : Quand vous voyez une nuée qui s’élève du côté d’Occident, vous dites d’abord : Il va pleuvoir ; et cela arrive ainsi. Et quand le vent du Midi souffle, vous dites qu’il fera chaud ; et cela arrive ainsi. Hypocrites ! Vous savez bien discerner ce qui paraît au ciel et sur la terre ; et comment ne discernez-vous pas ce temps-ci ? Et pourquoi ne discernez-vous pas aussi vous-mêmes ce qui est juste ?

Vous savez bien prévoir le temps qu’il fera d’après des indices, comment donc ne voyez-vous