Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Christ sur la vie éternelle en Dieu, il suffit de se remémorer la doctrine des prophètes juifs, pour comprendre que si Christ avait voulu propager la doctrine de la résurrection des morts, qui commençait seulement à se glisser dans le Talmud et était l’objet de discussions, il eût alors exprimé nettement et clairement cette doctrine. Au contraire, il a nié cette doctrine, et dans tous les Évangiles on ne peut trouver un seul passage qui la confirme, car les deux passages précités signifient tout autre chose.

Quant à sa propre résurrection, quelque étrange que cela paraisse à ceux qui n’ont pas étudié l’Évangile, Christ n’en parle jamais nulle part. Si, comme l’enseignent les théologiens, la base de la foi chrétienne est la résurrection de Christ, le moins qu’on pourrait souhaiter, semble-t-il, c’est que Christ, sachant qu’il ressusciterait et que cela serait le dogme principal de la foi en lui, en eût parlé au moins une fois en termes clairs et précis. Or, non seulement il ne l’a pas dit en termes clairs et précis, mais il n’en a pas dit un mot ; pas une seule fois, d’après tous les Évangiles canoniques, il n’en est fait mention. La doctrine de Christ consiste à élever le fils de l’homme, — c’est-à-dire le sens de la vie de l’homme, — à lui permettre de se reconnaître fils Dieu. Dans sa propre individualité, Christ personnifie l’homme qui a reconnu sa filiation avec Dieu (Matthieu, xvi, 13-20). Il