Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du séjour de Jonas dans le ventre de la baleine, et, dans un autre, du rétablissement du temple. Dans les dix autres se trouve exprimée l’idée que le fils de l’homme ne peut être anéanti ; mais il n’y a pas un mot sur la résurrection de Jésus-Christ.

Dans tous ces passages, le mot « résurrection » ne se trouve pas dans l’original. Demandez-en la traduction à des gens qui ignorent les commentaires théologiques mais qui connaissent le grec, jamais personne ne les traduira comme ils sont traduits. Dans le texte original de ces passages nous rencontrons deux mots différents : ἀνίστῆμι, et ἐγείρῶ. L’un de ces mots veut dire « rétablir », l’autre : « éveiller, se lever, s’éveiller. » Mais ni l’un ni l’autre ne peuvent jamais, en aucun cas, signifier « ressusciter ». Pour se convaincre complètement que ni ces mots grecs, ni le mot hébreu koum, qui leur correspond, ne peuvent signifier « ressusciter », il suffit d’énumérer les passages de l’Évangile où ces mots sont employés, et ils le sont très fréquemment, et jamais ils ne sont traduits par le mot « ressusciter », « auferstehen » ; ce mot ne se trouve ni en grec ni en hébreu, parce que la conception qui correspond à ce mot n’existait pas. Pour exprimer en grec ou en hébreu l’idée de résurrection, il faut employer une périphrase ; il faut dire : « s’est levé » ou « s’est réveillé d’entre les morts ». Ainsi dans l’Évangile, Matthieu, xiv, 2, où il est question d’Hérode qui croit que Jean-