Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que présente la pratique de la doctrine du monde, uniquement parce que nous sommes persuadés qu’elle est nécessaire.

Nous nous sommes persuadés que tous ces tourments, que nous nous infligeons nous-mêmes, sont les conditions inévitables de notre vie ; c’est pourquoi nous ne pouvons comprendre que Christ enseigne précisément comment il faut agir pour s’en débarrasser et rendre notre vie heureuse.

Afin de pouvoir dire laquelle des deux conditions est la plus heureuse, il faut se débarrasser de cette fausse représentation, se regarder sans arrière-pensée.

Traversez la foule, surtout dans les villes, et observez ces figures hâves, maladives, crispées ; considérez ensuite votre existence et celle de toutes les personnes dont l’histoire vous est connue ; souvenez-vous de toutes ces morts violentes, de ces suicides, et demandez-vous : au nom de quoi toutes ces souffrances, ces désespoirs qui mènent au suicide ? Et, quelque étrange que cela puisse vous paraître d’abord, vous verrez que les neuf dixièmes des souffrances humaines sont supportés par les hommes au nom de la doctrine du monde, que toutes ces souffrances sont inutiles et auraient pu ne pas exister, que la majorité des hommes sont des martyrs de la doctrine du monde.

Dernièrement, par une journée pluvieuse d’automne, je traversais en tramway le marché de la