Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/291

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partout, seulement pas chez sa mère de laquelle il vient de se délivrer. Il est comme un agneau encore plein de l’ancienne nourriture, et il n’est pas encore arrivé à comprendre que sa nourriture ne se trouve nulle part ailleurs que chez sa mère, mais qu’elle ne peut plus lui être transmise comme auparavant.

La tâche qui s’impose maintenant au monde, c’est de comprendre que la période de l’ancienne nourriture, inconsciente, est terminée et qu’un nouveau procédé de nutrition, conscient, est indispensable.

Ce nouveau procédé consiste à reconnaître consciemment les vérités de la doctrine chrétienne qui, auparavant, s’infiltraient inconsciemment dans l’humanité par l’organe de l’Église et par lesquelles elle vit encore maintenant. Les hommes doivent relever le flambeau qui naguère encore éclairait leur vie, mais qu’on leur a caché, et le placer bien haut devant eux et devant les autres et vivre consciemment de cette lumière.

La doctrine de Christ, comme religion qui règle la vie des hommes et leur en explique le sens, est maintenant devant le monde comme elle l’était il y a dix-huit cents ans. Mais jadis le monde avait les explications de l’Église qui, voilant la doctrine, lui paraissaient néanmoins assez satisfaisantes pour son ancienne vie. Aujourd’hui, l’Église a fait son temps et le monde n’a aucune explication de sa