Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/337

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viennent de Dieu, mais eux-mêmes sont presque Dieu, car ils ont en eux le Saint-Esprit ; de même le Saint-Esprit est dans le pape, dans notre Saint-Synode et ses fonctionnaires.

Et quand un empereur, c’est-à-dire un chef de brigands, voudra étrangler son peuple ou un peuple étranger, on lui donnera aussitôt de l’eau bénite. On y trempera la croix (cette même croix sur laquelle mourut Christ parce qu’il dénonçait ces mêmes brigands), et l’on bénira pour l’étranglement, la pendaison, la décapitation.

Tout irait bien, mais même ici, ils ne peuvent tomber d’accord, et les souverains sacrés commencent à se traiter de brigands, — ce qu’ils sont en effet, — et le peuple commence à écouter et cesse de croire aux souverains sacrés et à la présence du Saint-Esprit, ils apprennent à les nommer justement, comme ils le font eux-mêmes, c’est-à-dire brigands et menteurs.

Je parle des brigands comme ça, pour la bonne bouche, parce qu’ils ont dépravé des trompeurs. Ici il ne s’agit que des trompeurs, c’est-à-dire des soi-disant chrétiens. Ils sont devenus tels par l’union avec les brigands. Et il ne pouvait en être autrement. Ils ont descendu la pente dès qu’ils ont sacré le premier tsar et l’ont convaincu qu’il peut, par la violence, aider à la religion, à la religion d’amour, de sacrifice, d’endurance. Toute l’histoire de l’Église vraie, non fantaisiste, c’est-à-dire l’his-