Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/336

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débauche et le luxe ? C’est bien. » Et on lui installe le christianisme, même plus aisément qu’on ne pouvait s’y attendre. Ils ont prévu qu’après avoir lu l’évangile il pourrait se ressaisir ; or là, on exige la vie chrétienne et non la construction des temples et leur fréquentation. Ils ont pensé cela, et, avec soin, ils lui ont arrangé tel christianisme qu’il pouvait, sans se gêner, vivre en païen, comme avant. D’un côté, Christ, fils de Dieu, ne venait que pour le racheter et racheter tous. C’est pourquoi Christ est mort ; c’est pourquoi Constantin peut vivre comme il veut. Ce n’est pas tout : on peut se repentir et avec un peu de pain et de vin, ce sera le salut et tout sera pardonné.

C’est peu, ils ont encore béni son pouvoir de brigand, ils l’ont déclaré divin et l’ont oint. En échange il a arrangé comme ils le désiraient la réunion des prêtres et leur a ordonné de dire quel doit être le rapport de chaque homme envers Dieu, en donnant l’ordre à chacun de le répéter.

Et tous commencèrent à le répéter, furent contents, et depuis quinze cents ans, cette religion vit et les autres chefs de brigands l’ont acceptée, et tous sont oints et tout est divin. Si un malfaiteur quelconque pille et tue beaucoup de gens, on l’oint et on déclare qu’il vient de Dieu. (Chez nous, il y avait, venant de Dieu, une débauchée, meurtrière de son mari ; chez les Français, Napoléon.)

Pour cette raison, les prêtres, non seulement