Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/50

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vous égarez, comme de mauvais juges au tribunal. Vous jugez qu’un pauvre est pire qu’un riche. Au contraire le riche est le pire. C’est lui qui vous opprime et vous traîne devant les juges. Si vous vivez d’après la loi de l’amour du prochain, d’après la loi de miséricorde (celle que Jacques appelle royale, pour la distinguer de toutes les autres), c’est bien. Mais si vous faites acception de personnes, alors vous devenez criminels envers la loi de la miséricorde. Ayant sans doute en vue l’exemple de la femme adultère, qu’on avait amenée devant Christ pour la lapider selon la loi, ou l’adultère en général, Jacques dit que celui qui punit de mort la femme adultère sera coupable de meurtre et transgressera la loi éternelle. Car la même loi éternelle interdit l’adultère et le meurtre. Il dit : Parlez et agissez comme devant être jugés par la loi de la liberté. Car il y aura une condamnation sans miséricorde sur celui qui n’aura point usé de miséricorde ; mais la miséricorde abolit le jugement.

Comment dire d’une façon plus claire, plus précise que toute acception de personnes est interdite, ainsi que tout jugement déclarant que l’un est bon et l’autre mauvais ; le jugement humain est dénoncé comme toujours défectueux, et ce jugement est déclaré criminel quand il condamne pour crime ; ainsi le jugement est aboli par loi de Dieu — la miséricorde.

J’ouvre les épîtres de l’apôtre Paul, qui avait