ni herbe, ni même de terre, mais seulement des pierres et de la poussière ? Que signifient ces mots : se nourrir en ville, qu’emploient constamment, comme quelque chose de net et de compréhensible, ceux qui se nourrissent là ?
Je me rappelle ces centaines et ces milliers d’habitants de la ville, ceux qui vivent bien et ceux qui traînent la misère, avec qui j’ai parlé de cela ; pourquoi sont-ils venus ici ? Tous sans exception disent qu’ils sont venus de la campagne pour se nourrir, qu’à Moscou on n’ensemence, ni ne récolte, mais qu’on y vit richement ; qu’à Moscou, il y a de tout en abondance et que là seulement ils peuvent trouver l’argent qui leur est nécessaire à la campagne pour le pain, l’izba, le cheval, les objets de première nécessité. Mais c’est pourtant à la campagne qu’est la source de toutes les richesses, ce n’est que là qu’est la vraie richesse, blé, forêts, chevaux et tout. Pourquoi donc aller en ville pour y chercher ce qu’il y a à la campagne ? Et surtout, pourquoi amener de la campagne en ville ce qui est nécessaire aux habitants de la campagne : blé, avoine, chevaux, bétail ?
J’ai parlé de cela des centaines de fois avec des paysans qui vivent en ville, et de ces conversations, de mes observations, je me suis rendu compte que l’agglomération des paysans dans les villes est d’une part nécessaire parce qu’ils ne peuvent se nourrir autrement, et, d’autre part, volontaire :