la volonté du maître, volonté qui leur fait faire tel ou tel travail, suivant son caprice, les chasse d’un endroit à l’autre, en vertu de son pouvoir, les nourrit ou ne les nourrit pas, les tue ou les laisse vivre.
On est tenté de croire que la science n’agit de la sorte que par sottise, mais il suffit d’en pénétrer les secrets, d’étudier les agissements de la science, pour se convaincre que, loin d’être sotte et bête, elle procède au contraire avec finesse et artifice.
La science a un but très net et elle l’atteint : Ce but, c’est de maintenir parmi les hommes la superstition, la tromperie et par là d’entraver l’humanité dans sa marche vers la vérité et le bien. Depuis longtemps déjà il existe une affreuse superstition qui, peut-être a fait aux hommes plus de mal que les plus terribles superstitions religieuses. Cette superstition que la prétendue science seconde de toutes ses forces, de tout son zèle, est tout à fait analogue aux superstitions religieuses : elle consiste à affirmer que l’homme n’a pas seulement des devoirs envers l’homme, mais qu’il en a de plus importants envers un être imaginaire. Pour la théologie, cet être imaginaire, c’est Dieu, et pour la science politique, cet être imaginaire, c’est l’État. Voici en quoi consiste la superstition religieuse : les sacrifices — parfois des vies humaines qu’on immole à cet être imaginaire, sont nécessaires, et les hommes peuvent et doivent être con-