traints à ces sacrifices par tous les moyens, même par la violence. La superstition politique consiste en ceci : outre les devoirs de l’homme envers l’homme, il y a des devoirs plus importants envers l’être imaginaire, les sacrifices, — très souvent des vies humaines, — qu’on offre à cet être imaginaire, à l’État sont tout aussi nécessaires, et les hommes peuvent et doivent être contraints à ces sacrifices par tous les moyens possibles, même par la force.
Et cette superstition qui avait autrefois pour champions les pontifes des diverses religions, a maintenant pour apôtre la prétendue science. Les hommes sont réduits à l’esclavage le plus horrible, le plus cruel qui ait jamais existé, mais la science tâche de leur faire croire qu’il faut qu’il en soit ainsi, et qu’il n’en peut être autrement.
L’État doit exister pour le bien du peuple et pour son devoir : diriger le peuple, le défendre contre les ennemis. Pour cela l’État a besoin d’argent, d’armée. Tous les citoyens de l’État doivent fournir l’argent.
C’est pourquoi tous les rapports des hommes entre eux doivent être subordonnés à leurs devoirs envers l’État.
Je veux aider mon père dans son travail de paysan, — dit un homme simple, non savant ; je veux me marier et l’on me prend et l’on m’envoie au régiment à Kazan pour six ans. Je finis mon service, je veux cultiver la terre et nourrir ma famille, mais