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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/229

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On pense : qu’y a-t-il de particulier dans ce raisonnement abstrait sur la signification de l’argent ? Mais ce raisonnement, je ne le faisais pas pour faire un raisonnement, mais pour résoudre la question de ma vie, de mes souffrances ; c’était pour moi la réponse à la question : que faire ?

Aussitôt que je compris ce qu’est la richesse, ce qu’est l’argent, alors, non seulement ce que je dois faire m’est devenu clair, mais aussi ce que doivent faire les autres et ce qu’inévitablement ils feront.

En réalité, j’ai compris ce que je savais depuis longtemps, cette vérité transmise aux hommes depuis les temps les plus reculés par Bouddha, Isaïe, Lao-Tsé, Socrate, et que Jésus-Christ et son précurseur Jean-Baptiste ont enseignée avec une clarté particulière.

Quand les hommes demandèrent à Jean-Baptiste ce qu’ils devaient faire… il leur répondit simplement, brièvement et clairement :

« Que celui qui a deux habits en donne un à celui qui n’en a point ; et que celui qui a de quoi manger en fasse de même. » (Luc., iii, 10-11.)

Christ a dit plusieurs fois la même chose avec encore plus de clarté et de force. Il disait : Les mendiants sont bienheureux et malheur aux riches. Il disait qu’on ne peut servir Dieu et Mammon. Il défendait à ses disciples non seulement de prendre de l’argent mais d’avoir deux vêtements. Il a dit à un riche adolescent qu’il ne pouvait entrer dans le