faits tout seuls ; le bois de son poêle, l’eau ne sont pas venus d’eux-mêmes, le pain n’est pas tombé du ciel non plus que l’abri, la nourriture, les chaussures ; tout cela a été fait pour lui, non seulement par des gens déjà morts, mais tout cela est fait maintenant par des hommes, parmi lesquels des centaines et des milliers tombent malades et meurent des vains efforts faits pour trouver le toit, la nourriture et l’habit nécessaires à eux et à leurs enfants, — moyens d’échapper et de les faire échapper aux souffrances et à la mort prématurée. Tous les hommes luttent contre la misère. Ils luttent avec une telle tension de leur être qu’à chaque seconde des centaines d’entre eux périssent ainsi que leurs femmes, leurs pères, leurs mères, leurs enfants. Les hommes, dans ce monde, sont comme sur un vaisseau submergé par les ondes et qui possède une petite réserve de nourriture. Tous sont placés par Dieu ou la nature en une telle situation qu’ils doivent, en gardant cette nourriture, se défendre sans cesse de la misère. Chaque arrêt dans le travail de chacun de nous, chaque abstention de l’œuvre commune du travail sont dangereux pour nous et pour nos frères.
Comment donc est-il arrivé que la majorité des gens instruits de notre temps, tranquillement, sans travailler, absorbent le travail des autres hommes nécessaire pour la vie, et trouvent cette vie très naturelle et très raisonnable ?