Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/38

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disait-on ; sans doute, il est impossible de ne pas souscrire à cela ; oui votre idée est très bonne ; moi-même j’y avais pensé, mais… Chez nous, on est, en général, si indifférent qu’on ne peut pas compter sur un gros succès… Cependant, de mon côté, bien entendu, je suis prêt(ou prête), à aider…

Tous me disaient la même chose. Tous étaient d’accord, mais consentaient, me semblait-il, non parce qu’ils étaient persuadés, mais pour quelque cause extérieure qui ne leur permettait pas de n’y point consentir. Je le remarquais rien qu’à ce fait que pas un seul parmi ceux qui me promettaient une aide d’argent, pas un ne mentionnait la somme qu’il avait l’intention de donner, de sorte que je devais la fixer moi-même et demander : — « Alors je puis compter sur vous jusqu’à 300 ou 200 ou 100 ou 25 roubles ? » et pas un ne me remettait l’argent ; je note ceci parce que, quand les hommes donnent de l’argent pour une chose qu’ils désirent, ordinairement ils se hâtent de le donner. Pour une loge au spectacle de Sarah Bernhardt on donne l’argent tout de suite, pour être sûr d’avoir la loge. Et là, de tous ceux qui consentaient à donner de l’argent et exprimaient leur sympathie, pas un ne proposait de me remettre l’argent séance tenante, ils ne faisaient que consentir tacitement à la somme que je fixais. Dans la dernière maison où je fus ce soir-là, je trouvai par hasard une grande société. La maî-