pas ce peu, ils ne savent où le prendre et voilà, la vie s’écoule en vain. Pour l’un c’est la première année, pour l’autre la cinquième, pour l’autre la trentième. L’un n’a besoin que d’un habit convenable pour aller chez une personne connue, bien disposée pour lui ; l’autre n’a besoin que de s’habiller, payer ses dettes et aller jusqu’à Orel ; l’autre n’a besoin que de racheter ce qu’il a engagé et de toutes petites avances pour continuer le procès qui doit se juger à son profit, et alors tout ira bien. Tous disent qu’il leur faut quelque chose d’extérieur pour se retrouver dans la situation qu’ils croient faite pour eux et qui pourrait les rendre heureux.
Si je n’avais pas été aveuglé par mon orgueil de vertu, je n’aurais eu qu’à regarder attentivement ces visages jeunes et vieux, la plupart faibles, sensuels, mais bons, pour comprendre que leur misère était irrémédiable par les moyens extérieurs, qu’en aucune situation ils ne pourraient être heureux si leurs idées sur la vie restaient les mêmes, que ce n’étaient pas des gens exceptionnels dans des conditions particulièrement malheureuses, mais des gens tels que ceux qui nous entourent. Je me rappelle que le contact avec ces malheureux m’était très pénible. Maintenant je comprends pourquoi ; en eux je me voyais comme dans un miroir. Si j’avais réfléchi à ma vie, à celle des hommes de notre monde, j’aurais vu qu’entre