— Cuisinière ! mais je ne sais pas faire le pain, — et elle rit.
Elle disait qu’elle ne savait pas, mais je voyais à l’expression de son visage qu’elle ne voulait pas non plus être cuisinière, parce qu’elle considérait ce titre et cette position comme trop inférieurs. Cette femme qui, de la façon la plus simple, comme la veuve de l’évangile, sacrifiait tout ce qu’elle avait pour la malade, en même temps, comme ses camarades, jugeait l’état de servante bas et digne de mépris. Elle était habituée à vivre sans travailler et à vivre d’une vie que son entourage trouvait naturelle. En cela était son malheur, par là elle était tombée dans cette situation et y restait. Cette vie l’entraînait à passer son temps au cabaret. Qui de nous la corrigera de ses idées fausses sur la vie ! Où sont parmi nous ces gens qui sont convaincus que toute vie de travail est plus respectable que la vie oisive, qui vivent conformément à cette conviction et, d’après elle, apprécient et respectent les gens ? Si j’eusse pensé à cela, j’aurais pu comprendre que ni moi, ni personne de mes connaissances ne pouvions guérir ce mal.
J’aurais pu comprendre que ces visages étonnés et attendris qui se montraient au-dessus du paravent, n’exprimaient que de l’étonnement pour ma sympathie, mais pas du tout l’espoir du renoncement à l’immoralité.