Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/93

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promesses qui m’avaient été faites, je pouvais compter sur trois mille roubles, et de toutes ces personnes, pas une ne se rappelait la conversation d’autrefois et ne me donnait un seul kopek.

Seuls les étudiants me remirent l’argent qu’ils avaient reçu pour leur travail, douze roubles, je crois, de sorte que toute mon entreprise, qui devait monter à des dizaines de mille roubles donnés par des gens riches pour des centaines et des milliers d’hommes qui devaient être sauvés de la misère et de la débauche, aboutissait à ceci : qu’au hasard je distribuai quelques dizaines de roubles donnés par les étudiants et vingt-cinq roubles que le conseil municipal m’avait envoyés pour mon travail de directeur du recensement et que je ne savais à qui donner.

Tout était terminé. Avant le départ pour la campagne, le dimanche d’avant le carnaval, j’allai, un matin, à la maison de Rjanov, afin de me débarrasser de ces trente-sept roubles et les distribuer aux pauvres, avant mon départ de Moscou. Je fis le tour de mes connaissances dans les logements, et là je ne trouvai qu’un seul homme malade à qui je donnai, je crois, cinq roubles. Là-bas, il n’y avait plus personne à qui donner. Naturellement, beaucoup s’étaient mis à me demander. Mais comme je ne savais rien de plus maintenant qu’au commencement, je décidai de prendre conseil d’Ivan Fédotitch, le propriétaire