Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol28.djvu/217

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Michel. (La femme fait le tour de la table en versant à boire à chacun. Un croc-en-jambe de l’ouvrier la fait trébucher, elle répand le contenu d’un verre.)

LA FEMME

Ah ! mon Dieu ! j’en ai fait tomber… Mais aussi toi pourquoi diable viens-tu te fourrer dans mes jambes ?…

le paysan, furieux contre sa femme.

Ah ! maudite femme du diable ! C’est maladroit comme un manchot et ça se permet d’accuser les autres. Quel trésor tu as versé par terre !

LA FEMME

Je ne l’ai pas fait exprès.

LE PAYSAN

Je l’espère bien… Prends garde, si je me lève je t’apprendrai à renverser mon eau-de-vie. (À l’ouvrier.) Et toi, aussi, pourquoi viens-tu tourner autour de cette table ? Va-t’en au diable ! (La femme de nouveau offre et verse de l’eau-de-vie aux buveurs.)

l’ouvrier s’approchant du four, à Satan.

Tu vois ? Jadis, la perte de son dernier morceau de pain ne causait aucun regret à cet homme-là ; aujourd’hui, pour un pauvre verre d’eau-de-vie, il a failli rosser sa femme et il m’envoie au diable… à toi.

SATAN

Bien, très bien. Je te félicite.