Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol28.djvu/28

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printemps, au plus tard, tu l’enterreras. Faudra prendre quelqu’un dans la maison et mon fils… ça ne ferait-il pas un bon homme ? Pas pire que les autres. Quel bénéfice aurais-je donc d’empêcher mon fils de faire une bonne affaire ? Suis-je ennemie de mon enfant ?

ANICIA

Pourvu qu’il reste avec nous ?

MATRIONA

Il restera, mon hirondelle. Ce sont des bêtises. Tu connais mon vieux. Il n’a pas d’esprit à revendre, mais quand il lui entre quelque chose dans sa caboche, c’est le diable pour l’en faire sortir.

ANICIA

Mais d’où vient donc ce projet ?

MATRIONA

Vois-tu, ma petite fraise, tu connais le gars. Tu sais comme il aime les femmes. Et puis il n’y a pas à dire, c’est qu’il est bien de sa personne. Eh bien ! Il était, comme tu sais, employé au Chemin de fer et là-bas, il y avait une fillasse, une orpheline qui était cuisinière, et alors cette fillasse commença à le cramponner.

ANICIA

Marinka ?

MATRIONA

Oui, elle ! Que la paralysie lui casse les os ! Je ne pourrais pas te dire s’il y a eu ou non quelque chose entre eux, seulement mon vieux a eu vent de