Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/150

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en pointe, il était maigre, mince, beau et encore vert pour ses quarante ans. En venant chez Olénine il avait eu peur évidemment d’être pris pour un Cosaque ordinaire, et il désirait faire sentir immédiatement son importance.

— C’est notre Nemrod égyptien, — dit-il avec un sourire satisfait en s’adressant à Olénine et en montrant le vieillard. — Le Chasseur devant l’Éternel. C’est le plus habile chez nous en toutes choses. Vous avez déjà fait sa connaissance ?

L’oncle Erochka regarda ses pieds chaussés de porchni mouillés et hocha la tête d’un air pensif, étonné de l’élégance et de l’instruction du khorounjï, et il répétait en soi : Nemrod gicien. Que n’inventera-t-il pas !

— Oui, voilà, nous voulons aller à la chasse, — dit Olénine.

— Ah ! oui, et moi, — remarqua le khorounjï, — j’ai pour vous une petite affaire.

— Que désirez-vous ?

— Puisque vous êtes un noble, — commença le khorounjï, — et puisque moi-même j’ai le grade d’officier, nous pourrons toujours nous entendre comme tous les nobles. (Il se recula, et avec un sourire, regarda le vieux et Olénine.) Mais si vous aviez le désir de mon consentement, comme ma femme est bête, ce qui est de sa classe, elle n’a pas pu bien comprendre vos paroles d’hier. Puisque mon logement pouvait être loué à l’aide de