Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/149

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billé ; il a pris un nouveau caftan pour que tu voies qu’il est officier. Oh, le monde, le monde !

En effet, Vanucha entra annoncer que le propriétaire désirait voir son maître.

L’argane, — dit-il avec gravité, en prévenant son maître du but de la visite du khorounjï. Aussitôt après, le khorounjï lui-même, en habit neuf de Tcherkess, avec les épaulettes d’officier, des bottes cirées, — ce qui est très rare chez les Cosaques, — avec un sourire sur le visage, en se dandinant, entra dans la chambre et souhaita la bienvenue.

Le khorounji Ilia Vassilievitch était un Cosaque avancé, qui avait été plusieurs fois en Russie ; il était maître d’école et principalement un noble. Il voulait paraître gentilhomme, mais, malgré tout, sous le vernis ridicule, artificiel, qu’il s’imposait, sous l’assurance de son vilain parler, se sentait le même oncle Erochka. On le retrouvait à son visage basané, à ses mains et à son nez rouge. Olénine le pria de s’asseoir.

— Bonjour, petit père Ilia Vassilievitch, — dit Erochka en se levant, et, comme il sembla à Olénine, en saluant ironiquement très bas.

— Bonjour, l’oncle ! Tu es déjà ici ? — répondit le khorounji, en le saluant négligemment de la tête.

Le khorounji était un homme d’une quarantaine d’années ; il portait une petite barbe grise, taillée