Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/179

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comme de l’œuvre la plus belle. Est-ce que rien ne lui dit qu’il n’y a pas là sujet à grande joie, que le bonheur n’est pas dans le meurtre, mais dans le sacrifice de soi-même ? »

— Eh bien ! Mon cher, je te souhaite maintenant de ne le plus rencontrer, — dit en s’adressant à Loukachka l’un des Cosaques qui accompagnaient le canot. — Tu as entendu comme il s’est renseigné sur toi ?

Loukachka leva la tête.

— Le filleul ? — dit Loukachka désignant sous ce mot le Tchetchenz.

— Le filleul ne se lèvera pas, mais son frère roux, oh ! oh !

— Qu’il remercie Dieu d’être parti lui-même sain et sauf, — dit Loukachka en riant.

— De quoi es-tu content ? — demanda Olénine à Loukachka. — Si l’on tuait ton frère, te réjouirais-tu ?

Les yeux du Cosaque riaient en regardant Olénine. Il semblait avoir compris tout ce que celui-ci voulait lui dire, mais être au-dessus de considérations pareilles.

— Eh quoi ? Quelle crainte ! Est-ce qu’on ne tue pas aussi notre frère ?