Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/221

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rien à faire qu’à dormir. Les sabots, les yeux, les dents, tout était élégant, parfait comme on ne le rencontre qu’aux chevaux pur-sang. Olénine ne pouvait se lasser de l’admirer. Il n’avait pas encore rencontré au Caucase un si beau cheval.

— Et comme il marche ! — dit Loukachka en le tapant sur le cou. — Quel trot ! Comme il est intelligent ! Il va partout derrière son maître.

— As-tu beaucoup ajouté ? — demanda Olénine.

— Je n’ai pas compté, — répondit en souriant Loukachka. — C’est un kounak qui me l’a donné.

— C’est un merveilleux cheval ! Combien prendrais-tu pour lui ? — demanda Olénine.

— On m’a proposé cent cinquante pièces, mais à vous je le donnerai pour rien, — fit Loukachka gaîment. — Dites un mot, et je vous le donnerai. J’ôterai la selle et prenez-le ; pour moi, pour servir, n’importe lequel suffit.

— Oh ! non, je ne voudrais pas.

— Eh bien, alors, je vous ai apporté un poignard. Loukachka, ôtant sa ceinture, prit l’un des deux poignards qui y étaient suspendus.

— Je l’ai pris au delà du fleuve.

— Eh bien, merci.

— Ma mère m’a promis de vous apporter elle-même du raisin.

— Ce n’est pas nécessaire, nous ferons encore nos comptes. Je ne te donnerai pas d’argent pour le poignard.