laïka[1] apportée d’au delà du fleuve. Depuis longtemps il promettait ce plaisir à Olénine et il était de bonne humeur. En s’apercevant qu’Olénine écrivait, il s’attrista.
— Écris, écris, mon père ! — fit-il en chuchotant comme s’il supposait qu’un esprit quelconque se tînt entre lui et le papier. Et dans la peur de l’effrayer, sans bruit, tout doucement, il s’assit à terre.
Quand l’oncle Erochka était ivre, c’était sa place favorite.
Olénine se retourna, donna l’ordre de lui apporter du vin et continua d’écrire. Erochka s’ennuyait de boire seul, il voulait parler.
— Je suis allé chez le propriétaire, aux fiançailles. Mais ce sont des cochons ! Je ne veux pas, je suis venu chez toi.
— Et d’où as-tu la balalaïka ? — demanda Olénine tout en écrivant.
— J’ai été au delà du fleuve, mon petit père, et je l’ai trouvée là-bas, — fit-il tout doucement. — Je suis un grand artiste sur la balalaïka : une chanson tatare, cosaque, de nobles ou de soldats, tout ce que tu voudras ?
Olénine se retournant de nouveau lui sourit, et continua d’écrire.
Ce sourire encouragea le vieux.
— Laisse, mon petit père ! Laisse, — fit-il tout à coup d’un ton résolu. — Eh bien, ils t’ont offensé,
- ↑ Instrument à cordes, populaire.