Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/229

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alors, laisse, crache ! Que veux-tu ? À quoi bon ?

Erochka singeait Olénine en frappant de ses gros doigts sur le parquet et en déformant son faciès épais dans une grimace méprisante.

— À quoi bon écrire des dénonciations ? Amuse-toi plutôt. Sois brave.

Son imagination ne pouvait concevoir qu’on pût écrire autre chose que des dénonciations calomniatrices.

Olénine éclata de rire. Erochka fit de même. Il se dressa sur le sol et commença à montrer son art sur la balalaïka et à chanter des chansons tatares.

— Qu’écrire, mon bon ! Écoute plutôt ce que je te chanterai. Quand tu seras crevé tu n’entendras plus de chansons. Amuse-toi.

Tout d’abord ; il chanta une romance de sa composition, accompagnée de danse.

« Ah ! di di di di di li,
» Où l’avez-vous vu ?
» Au bazar dans la boutique.
» Il vend des épingles ! »

Ensuite il chanta une chanson que lui avait apprise
son ancien sous-officier.

« Lundi, je m’épris.
» Tout le mardi, je souffris.
» Mercredi je fis la déclaration.
» Pour jeudi j’attendais la réponse,
» Vendredi la décision est venue.