Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/255

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val volé ; en passant dans la rue il avait entendu le bruit des pas. Le lendemain il était de retour à la centaine et, en se vantant, il racontait aux camarades avec quelle habileté il avait gagné dix pièces. Le matin suivant, Olénine vit le propriétaire, personne ne savait rien. Il ne causa pas à Marianka, elle rit seulement en le regardant. Il passa de nouveau une nuit sans sommeil, en marchant en vain dans la cour. Le lendemain, exprès il partit à la chasse, et le soir, pour fuir de soi-même, il alla chez Bieletzkï. Il avait peur de soi et se promit de ne plus revenir chez le propriétaire. La nuit suivante le sous-officier éveilla Olénine. La compagnie allait partir à l’expédition. Olénine se réjouissait de cette occasion et pensait déjà ne plus revenir à la stanitza. L’expédition dura quatre jours. Le chef désirait voir Olénine avec lequel il était en parenté et lui proposa de rester dans l’État-major. Olénine refusa. Il ne pouvait vivre sans sa stanitza et demanda qu’on le laissât partir. Pour l’expédition il reçut la croix militaire qu’il désirait tant auparavant. Mais maintenant cette croix le laissait tout à fait indifférent et encore plus la promotion d’officier qui n’arrivait toujours pas. Il passa avec Vanucha sur la ligne et devança sa compagnie de quelques heures. Olénine resta toute la soirée sur le perron à regarder Marianka. Toute la nuit, de nouveau sans but, sans idée, il marcha dans la cour.