Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

route représente la distance déjà franchie ? Avec cela, il calculait aussi combien il avait d’argent, combien il lui en restait, combien il lui en fallait pour payer toutes ses dettes, quelle partie de ses revenus il dépenserait par mois. Vers le soir, en prenant le thé, il comptait que pour arriver à Stavropol, il avait encore à parcourir les sept onzièmes de toute sa route ; pour ses dettes, qu’il lui fallait sept mois d’économie et un huitième de toute sa fortune. Ainsi rassuré, il s’enveloppa, se rencoigna dans le traîneau et s’endormit. Son imagination était déjà dans l’avenir, au Caucase. Tous ses rêves d’avenir s’unissaient aux images des Amalat-Bek, des Circassiennes, des montagnes, des ravins, des terribles torrents et des dangers. Tout cela se présentait vaguement, obscurément ; mais la gloire qui séduit et la mort qui menace faisaient l’intérêt de cet avenir. Tantôt, avec un courage inouï et une force qui surprend tous, il tue et soumet une quantité innombrable de montagnards. Tantôt il est montagnard lui-même et avec eux, défend contre les Russes son indépendance.

Aussitôt que se présentent les détails, les anciennes connaissances de Moscou apparaissent : Sachka B…, soit avec les Russes soit avec les montagnards, lutte contre lui. Et on ne sait comment, le tailleur Capel prend part au triomphe du vainqueur.