Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/335

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chant le cheval, le faisaient sauter quatre fois et ensuite l’arrêtaient court en lui faisant faire volte-face ; d’autres s’occupaient des chanteurs qui, malgré la température étouffante, chantaient, infatigables, une chanson après l’autre.

À cent sagènes au-devant de l’infanterie, sur un grand cheval blanc, allait avec les Tatars à cheval, un officier grand et beau, en habit asiatique. Il était connu dans le régiment pour un homme de courage extraordinaire, capable de jeter la vérité à la face de n’importe qui. Il portait un dolman noir garni de galons, des bottes galonnées, des culottes toutes neuves, qui moulaient bien ses jambes, une tcherkeska jaune, et un haut bonnet enfoncé en arrière. Sa poitrine et son dos étaient chamarrés de galons d’argent auxquels était suspendus la boîte à poudre, et, derrière le dos, les pistolets ; un autre pistolet et un poignard enfermé dans une gaine d’argent, pendaient à sa ceinture. En outre, autour de lui, était ceint un sabre dans l’étui de maroquin rouge, galonné, et en travers de l’épaule, il portait un fusil dans un étui noir. Par son costume, sa tenue, en général par tous ses mouvements on voyait qu’il s’efforçait de ressembler à un Tatar. Il disait même quelque chose dans une langue que je ne connaissais pas, aux Tatars qui marchaient à côté de lui. Mais le regard surpris, moqueur, que ces derniers échangeaient entre eux, signifiait, me semble-t-il, qu’ils