Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/358

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canons, des fusées, des fusils, se confond avec la verdure couverte de rosée et avec le brouillard.

Le colonel Khassanov accourt au galop près du général et arrête court son cheval.

— Votre Excellence, — dit-il en portant la main à son bonnet, — donnez l’ordre de faire avancer la cavalerie ; on aperçoit déjà des signaux[1].

Et avec sa cravache il désignait des Tatars à cheval devant lesquels deux hommes, montés sur des chevaux blancs, s’avançaient tenant des bâtons où étaient attachés des lambeaux d’étoffe rouges et blancs.

— Avec Dieu ! Ivan Mikhaïlovitch, — dit le général.

Le colonel fit faire volte-face à son cheval, tira son épée et cria : Hourra !

— Hourra ! Hourra ! Hourra ! — répéta-t-on dans les rangs, et la cavalerie vola derrière lui.

Tous regardaient avec intérêt. Voilà un signal… un autre, un troisième, un quatrième…

L’ennemi, sans attendre l’attaque, disparaissait dans le bois et de là commençait à tirer du fusil. Les balles sifflèrent plus souvent.

Quel charmant coup d’oeil ! — dit le général en sautant un peu à l’anglaise sur son cheval noir aux jambes fines.

  1. Les signaux ont pour les montagnards presque l’importance du drapeau, avec cette différence que chaque djiguite peut se faire un signal et le porter. (Note de l’Auteur.)