Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/36

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et ne reparut plus. Une sorte de voix solennelle semblait lui dire : « Maintenant, c’est commencé. » Et la route, et la ligne du Terek qu’on voyait de loin et les stanitza, et la population, maintenant tout cela ne lui semblait plus une plaisanterie. Il regarde le ciel, et il se rappelle les montagnes ; il se regarde lui-même, et Vanucha et de nouveau les montagnes. Ah ! deux Cosaques à cheval, leurs fusils engainés se balancent en cadence sur leurs dos ; les chevaux mêlent leurs pattes baies et grises, et les montagnes… Derrière le Terek on aperçoit la fumée de l’aoul[1], et les montagnes… Le soleil s’élève et brille sur le Terek, qu’on aperçoit à travers les roseaux, et les montagnes… Un chariot vient de la stanitza, des femmes marchent, de belles et jeunes femmes ; et les montagnes… Les Abreks courent dans la steppe et je vais, je n’ai pas peur d’eux, j’ai un fusil, la force, la jeunesse, et les montagnes…

  1. Village des peuples du Caucase.