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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/426

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sible avec leur instruction, et qui placent le plus haut au monde leur état d’officier. Un type naïf et charmant, malgré son attirail particulièrement ridicule : la blague à tabac, la robe de chambre, la guitare, la petite brosse à moustaches, avec lesquelles nous avions l’habitude de nous le représenter. Au régiment, on racontait qu’il se vantait d’être juste mais sévère envers son brosseur, et qu’il disait : « Je punis rarement, mais quand on m’y force, alors gare ; » et qu’une fois, quand son ordonnance ivre le volait et même commençait à l’injurier, alors, soi-disant, il le conduisit au poste, ordonna de tout préparer pour la punition, mais à la vue des préparatifs il était tellement confus qu’il ne put que dire : « Eh bien ! Tu vois, je puis donc… » Et tout effaré s’enfuit à la maison. Depuis ce temps, il avait peur de regarder dans les yeux de son Tchernov.

Ses camarades ne le laissaient pas tranquille, l’agaçaient avec cette histoire, et plusieurs fois j’ai entendu le naïf garçon s’en défendre en rougissant jusqu’aux oreilles et affirmer que ce n’était pas vrai, au contraire.

La troisième personne, le capitaine Trocenko, était un vieux Caucasien au plein sens du mot ; c’est-à-dire un homme pour qui la compagnie qu’il commandait devenait la famille, la forteresse où était son état-major, la patrie, et les choristes, le seul plaisir de sa vie ; un homme pour qui tout