Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VI


La population masculine de la stanitza passe sa vie aux expéditions militaires, au cordon, ou aux postes, comme disent les Cosaques. Ce même Loukachka — Ourvan dont parlaient les vieilles dans la stanitza, était ce même soir en sentinelle sur le point d’observation du poste de Nijné-Prototzk, sis au bord même du Terekt. Appuyé sur la balustrade du poste, en clignant des yeux il regardait au loin de l’autre côté du Térek, ou en bas vers ses camarades les Cosaques et, de temps en temps, leur causait. Déjà le soleil touchait presque la chaîne de montagnes couvertes de neige qui blanchissait au-dessus des nuages moutonnés, ondulant à ses pieds en faisant des ombres de plus en plus épaisses. L’air avait la transparence du soir. Quelque fraîcheur venait de la forêt sauvage, mais près du poste il faisait encore chaud. Les voix des Cosaques qui causaient entre eux, écla-