Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bonjour, petite mère ! Voilà, je suis venu pour le logement… — commença-t-il.

La femme, sans se redresser, tourna vers lui son visage sévère, mais encore beau.

— Pourquoi es-tu venu ? Tu veux te moquer ? Hein ? Je te ferai voir ! Que la maladie noire t’emporte ! — cria-t-elle en regardant de dessous ses sourcils froncés.

Olénine avait d’abord pensé que l’armée du Caucase, fatiguée et vaillante, dont il faisait partie, devait être reçue partout avec joie, surtout chez les Cosaques, compagnons de guerre, aussi fut-il frappé de cette réception. Cependant, sans se troubler, il voulut expliquer qu’il avait l’intention de payer son logement, mais la vieille ne le laissa pas achever.

— Pourquoi es-tu venu ? Quel fléau ? Toi, gueule rasée ! Mais attends, le maître viendra et te mettra à ta place. Je n’ai pas besoin de ton maudit argent ! Nous avons déjà vu cela, il empoisonne la maison de tabac et veut payer avec l’argent, nous connaissons cette plaie ! Que les balles te déchirent les entrailles et le cœur !… — cria-t-elle d’une voix perçante en interrompant Olénine.

« Évidemment Vanucha a raison ! » pensa Olénine, « Le Tatar est plus noble » ; et accompagné des injures d’Oulita, il sortit de la cabane. Au même moment, Marianka, toujours dans sa chemise rose, mais déjà enveloppée jusqu’aux yeux d’un