Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/16

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et la ceinture liserée de bleu. C’était la surveillante.

— C’est pour Maslova ? demanda-t-elle, en s’approchant, avec le gardien de service, de l’une des salles ouvrant sur le corridor.

Le surveillant, avec un bruit de ferraille, fit jouer la serrure et ouvrit la porte de la cellule, d’où s’échappa un air plus nauséabond encore que celui du corridor.

Et il cria :

— Maslova, au tribunal ! Puis il referma la porte et attendit.

Même dans la cour de la prison, l’air qui arrivait des champs, apporté par le vent dans la ville, était frais et vivifiant. Mais, dans le corridor, l’atmosphère demeurait suffocante et corrompue, tout infectée d’une odeur d’excréments, de goudron et de pourriture, qui, dès son entrée, rendait tout nouvel arrivant morne et triste. La surveillante, qui venait de la cour, le ressentit également, bien qu’elle fût habituée à cet air empesté. À peine entrée dans le corridor, elle éprouva une sorte de fatigue et d’envie de dormir.

Dans la cellule on entendait des voix de femmes et un bruit de pas fait par des pieds nus.

— Allons, plus vite, presse-toi, Maslova, te dis-je ! cria le surveillant chef par l’entre-bâillement de la porte.

Deux minutes après, d’un pas ferme, sortit de la porte, et se plaça à côté du surveillant, une jeune