Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est qu’il vaudrait mieux ne pas voir aujourd’hui Maslova, — dit le directeur.

— Pourquoi ?

— Voilà, et c’est bien votre faute, — répondit le directeur, avec un léger sourire. — Prince, ne lui donnez plus d’argent directement. Ou bien remettez-le moi, on le lui gardera. Hier, sans doute, vous lui avez donné de l’argent, et elle s’est procuré de l’eau-de-vie, — ce mal-là, vous ne le déracinerez jamais, — et aujourd’hui elle était complètement ivre, elle a même fait du tapage.

— Vraiment ?

— Oui, et j’ai même dû prendre des mesures sévères ; on l’a transférée dans une autre salle. D’ailleurs, c’est d’ordinaire une détenue tranquille ; mais, je vous en prie, ne lui remettez plus d’argent. C’est une telle engeance…

Nekhludov se rappela la scène de la veille et toute son angoisse lui revint de nouveau.

— Et Bogodoukhovskaïa, de la section politique, pourrais-je la voir ? — demanda Nekhludov après un silence.

— Celle-ci, oui, — répondit le directeur en embrassant sa fillette, qui continuait à dévisager Nekhludov, puis il se leva, et écartant légèrement l’enfant, accompagna Nekhludov dans l’antichambre.

Il n’avait pas encore achevé de passer son pardessus, que lui avait remis la servante, que les