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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/365

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roulades de Clementi, sèchement rythmées, retentirent à nouveau.

— Elle était au Conservatoire, mais là-bas, il n’y a pas d’ordre. Elle a de grandes dispositions, — dit le directeur en descendant l’escalier. — Elle voudrait jouer dans les concerts.

Le directeur et Nekhludov se dirigèrent vers la prison. À leur approche la petite porte s’ouvrit aussitôt. Les gardiens, saluant militairement, les suivirent des yeux. Dans le corridor, quatre forçats, la tête rasée par moitié, qui portaient des seaux, les croisèrent. Ils s’effacèrent en apercevant le directeur. L’un d’eux, particulièrement, baissa la tête, prit un air renfrogné, et ses yeux étincelèrent.

— Il est bien certain qu’on doit encourager le talent et qu’on n’a pas le droit de l’entraver, mais voyez-vous, dans un petit appartement, c’est pénible, — reprit le directeur sans prêter la moindre attention à ses prisonniers ; et, traînant ses jambes lasses, il mena Nekhludov dans le grand parloir.

— Qui voulez-vous voir ? — lui demanda-t-il.

— Bogodoukhovskaïa.

— Elle est dans la tour. Il vous faudra attendre un peu, — le prévint le directeur.

— Ne pourrais-je, en attendant, voir les prisonniers Menchov, la mère et le fils, accusés d’incendie ?

— Celui-là est dans la vingt-et-unième cellule. Eh bien, on peut le faire appeler.