Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/39

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se noyer dans l’étang du parc, et lui s’élançant à sa poursuite ; et Nekhludov songea : « Je ne puis y aller en ce moment, ni rien faire, tant que je n’aurai pas reçu sa réponse. » Huit jours auparavant, il avait écrit à la dame une lettre catégorique, dans laquelle il reconnaissait sa faute et se déclarait prêt à tout pour la racheter ; mais à la fin, il insistait sur la nécessité, dans son intérêt à elle-même, de rompre définitivement. Il attendait précisément la réponse à cette lettre, et la réponse ne venait pas, ce qui, toutefois, était pour lui d’un bon augure. En effet, si elle avait été résolue à ne pas rompre, elle eût répondu depuis longtemps, ou mieux, elle fût accourue elle-même, comme elle l’avait déjà fait d’autres fois. Nekhludov avait appris qu’un certain officier lui faisait la cour, et, tout en éprouvant une souffrance provoquée par la jalousie, il se réjouissait cependant à l’espoir d’être délivré d’un mensonge qui lui pesait.

L’autre lettre était de l’intendant principal de ses biens. Celui-ci écrivait pour que Nekhludov se rendît sans faute dans son domaine, afin d’y voir confirmer ses droits successoraux, et pour décider en même temps du mode de gérance : continuer à gérer les biens comme on le faisait du vivant de la princesse défunte, ou, suivant les conseils donnés jadis par l’intendant à la princesse, et renouvelés au jeune prince, augmenter l’inventaire et cul-