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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/90

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tion intime avec Kartinkine ? Très bien. Je n’ai rien autre chose à demander.

Et le substitut, retirant vivement son coude du pupitre, se mit à écrire quelque chose. En réalité il n’écrivait rien et se bornait à repasser sa plume sur les lettres de ses notes ; mais il avait vu qu’après avoir posé chaque question, les procureurs et les avocats notaient pour leurs discours certains points destinés ensuite à écraser leurs adversaires

Le président ne s’adressa pas tout de suite à la prévenue, car il demandait à ce moment au juge aux lunettes son approbation sur l’ordre des questions préparées et notées d’avance.

— Que s’est-il passé ensuite ? demanda-t-il, poursuivant son interrogatoire.

— Je rentrai à la maison, — continua Maslova, avec déjà un peu plus de courage et en regardant seulement le président, — je donnai l’argent à la patronne et me couchai. À peine m’étais-je endormie que la fille Bertha me réveilla en me disant : « Descends, ton marchand est revenu ». Je ne voulais pas descendre, mais madame me l’ordonna. Il était là, — de nouveau elle prononça ce mot il avec une terreur évidente, — il était au salon, offrait à boire à toutes les filles, voulait commander encore du vin et n’avait plus d’argent. La patronne ne voulut pas lui faire crédit. Alors il m’envoya dans sa chambre d’hôtel, me dit où était