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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/120

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leva sa voilette, laissant voir un très joli visage, et des yeux brillants au regard interrogateur.

— Ah ! le prince Dmitri Ivanovitch ! s’écria-t-elle d’une voix familière et joyeuse. Je vous aurais reconnu…

— Et vous vous souvenez même de mon nom ?

— Parfaitement ! Ma sœur et moi avons même été amoureuses de vous ! dit-elle en français. Mais comme vous êtes changé ! Je regrette d’être forcée de sortir. Mais nous pouvons toujours rentrer un instant, dit-elle, l’air hésitant.

Elle jeta un coup d’œil sur la pendule de l’antichambre.

— Hélas ! non. Ce n’est pas possible. Je vais chez madame Kamenskaia, pour le service funèbre. Elle est très abattue.

— Que lui est-il donc arrivé ?

— Ne le savez-vous pas ? Son fils vient d’être tué en duel. Il s’était battu avec Posen ! Fils unique ! C’est affreux ! La mère est désespérée.

— Oui, j’ai entendu parler.

— Mais, je suis obligée de partir. Venez donc demain, ou ce soir, dit-elle. Et d’un pas léger, elle se dirigea vers la porte de sortie.

— Ce soir, je ne pourrai pas, dit-il en l’accompagnant sur le perron. Je venais vous entretenir d’une affaire, reprit-il, en regardant la paire d’alezans qui s’arrêtait devant le perron.

— De quoi s’agit-il ?