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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/121

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— Cette lettre de ma tante vous renseignera, dit Nekhludov en lui tendant une enveloppe étroite cachetée d’un large sceau. Là vous verrez tout.

— La comtesse Catherine Ivanovna s’imagine que j’ai de l’influence sur mon mari, mais elle se trompe. Je n’ai aucune influence sur lui, et ne veux intervenir en rien. Mais pour la comtesse et pour vous, je veux bien faire une exception. Voyons, de quoi s’agit-il ? dit-elle, tout en cherchant vainement sa poche, de sa petite main gantée.

— Une jeune fille est enfermée à la forteresse. Elle est malade et innocente.

— Comment se nomme-t-elle ?

— Choustova. Lydie Choustova. Tout est noté dans la lettre.

— C’est bon. Je ferai tout ce que je pourrai, dit-elle, en montant légèrement dans l’élégante voiture douillettement capitonnée, dont le vernis étincelait au soleil. Elle s’assit et ouvrit son ombrelle. Le valet de pied monta sur le siège et fit signe au cocher de partir. La voiture s’ébranla, mais, au même instant, du bout de son ombrelle, elle toucha l’épaule du cocher. Les superbes juments aux jambes fines, courbant la tête sous la pression du mors, s’arrêtèrent en piaffant.

— Mais vous reviendrez me voir, et cette fois d’une façon désintéressée, dit-elle avec un sourire dont elle savait bien la puissance, Et, comme si